Peut-être encore 5 ans, j’ai encore la force pour aider 

Depuis de nombreux mois, notre organisation AGIR RDC anime des groupes de parole au sein des camps de déplacés. Ces espaces d'échange permettent aux personnes de partager leurs expériences, leurs difficultés et leurs espoirs. Au-delà de favoriser la communication et la compréhension mutuelle, ces séances offrent un soutien psychologique indispensable, autant de conseils y sont donnés par les compères ou par l’assistante psychosociale.

Dans le camp CEPAC, situé dans le quartier Lac Vert, le mois d'août est consacré à une approche systémique de la prise en charge psychosociale. Cette approche vise à outiller les participants afin qu'ils deviennent à leur tour des relais au sein de leur communauté, multipliant ainsi l'impact de nos interventions. La cohabitation pacifique, la gestion des conflits et l'inclusion sociale sont des thèmes cruciaux à aborder avec ces populations déplacées. Malheureusement, des règlements de comptes, des accusations de sorcellerie et des conflits tribaux endeuillent régulièrement le camp. Ce travail ne peut se faire sans expertise et passion. Et ici, nous n’avons pas de défis quant à ce. L’APS est une femme armée d’expérience et de passion ; 14 de guérison et d’auto-guérison.  

Madame Bora Mango, l'une de nos professionnelles de santé mentale, incarne à merveille cet engagement. Âgée de 60 ans, son courage et sa détermination à servir la communauté sont exemplaires. Après avoir enseigné pendant neuf ans, elle s'est engagée dans l'humanitaire dès 2002, lors de l'éruption volcanique. En 2010, elle a décidé de se former en santé mentale, obtenant un diplôme en counseling. Depuis 2022, elle travaille avec AGIR RDC, intervenant notamment à Kanyaruchinya après que la guerre a éclaté, puis à Buhene et dans les différents camps de déplacés.

 Le parcours de Madame Bora Mango témoigne d'un dévouement sans faille au service des plus vulnérables. Son expertise et son expérience sont précieuses pour accompagner les personnes déplacées dans leur reconstruction. Elle est un visage d’espoir pour ces centaines de femmes qu’elle accompagne à travers les camps. Malgré son âge avancé, elle continue de se mobiliser avec énergie et compassion. Son exemple est une source d'inspiration pour tous ceux qui œuvrent pour améliorer les conditions de vie des populations en détresse. À la question de savoir pourquoi elle ne s’arrête pas, elle nous répond : « C’est un travail d’inter-guérison, C’est par elles que je me soigne également. Peut-être encore cinq ans de plus, j’ai encore la force pour aider ». Nous lui souhaitons bon travail et nous la chérissons. Ces communautés et nous avons la chance de l’avoir.

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