SEMER DES GRAINES DE PAIX : RENDRE L’ESPOIR FECOND
La république démocratique du Congo est confrontée aux conflits armés depuis plus de trente ans. La guerre a eu pour conséquence de nombreux désastres, de nombreuses communautés se sont déchirées et vivent jusqu'à présent les dommages irréparables de cette guerre.
La population est submergée par les frustrations, les décisions arbitraires, l’inaction du gouvernement et la guerre du pouvoir, elle est enchaînée par les carcans de toute sorte de violence et vengeances mal assumées en purgeant seule sa peine. Au Nord-Kivu, la guerre a engendré de violents êtres dépourvus d'humanité.
La présence de groupes armés est un danger pour la population, et malheureusement pour la plus jeune. Plus de 120 milices et groupes armés se trouvent activement dans plusieurs territoires à l'est du pays et commettent des violences et des abus contre les civils, renseigne un article de The Global Centre For The responsability to project portant sur la République Démocratique du Congo et publié le 1er septembre 2024.
Tout comme d’autres territoires, Nyiragongo n’est pas épargné, les récentes attaques du M23 ont créé de multiples tensions et engagements de jeunes à combattre auprès de l’armée nationale, nombreux jeunes ont alors rejoint les groupes armés et les groupes d’auto-défense communément appelés les wazalendu. (Bulletin d’info, radio okapi, 21 octobre 2024)
Lorsque les plaies de la guerre ne sont pas pensées, c'est la société tout entière qui saigne et qui injustement souffre.
Nous faisons face à une jeunesse qui n’a plus rien à perdre, qui parfois, par manque de perspectives, embrasse la violence. C’est depuis 2021 que nous nous sommes engagés auprès des jeunes au village de Mujoga, dans le territoire de Nyiragongo, nos clubs des jeunes sont composés des jeunes dont l’âge varie entre 16 et 30 ans, dans cette petite localité au moins 6 sur 10 jeunes portent une arme ou font partie d’une milice, parfois analphabètes, désœuvrés et sans aucune éducation scolaire ni déontologie militaire, ces jeunes sont acteurs de l’insécurité, des violences dans la communauté.
Nous tenons nos séances dans un climat insécurisé ou les armes agissent à la place de la raison et parfois, nous craignons que les thématiques touchent les sensibilités et que l’audience agisse violemment, les témoignages poignants des jeunes sur les chaos et les faits tristes vécus à cause de la guerre sont une preuve que la guerre détruit des hommes justes et forge des monstres capables de tout faire, de voler et tuer injustement pour réclamer et défendre les droits, la violence se transmet dans chaque croisement des regards et dans chaque dialogue.
Depuis la première du projet TWAWEZA SHINDA notre travail à MUJOGA au sein des clubs des jeunes est de planter des graines de paix dans ce désert d’indifférence et y voir fleurir l’espoir, dans cette quête de la paix à travers la mobilisation communautaire, nous les réunissons dans un espace approprié et dans lequel ils se sentent libres d’exprimer leurs opinions liées à la problématique de la paix et de l’insécurité dans le territoire de Nyiragongo.
Les thématiques tournent autour de la cohabitation pacifique, la communication non violente et la résolution des conflits, dans ce village dans lequel les armes parlent à la place des mots, la culture de la paix joue un grand rôle dans l’éradication des conflits et contribue à la réduction du banditisme et du foisonnement des groupes armés. Grâce à cette initiative menée dans le cadre du projet TWAWEZA SHINDA, nous croyons que ces échanges et ces rencontres susciteront les jeunes à s’engager et à entreprendre des initiatives de promotion de la paix et du vivre ensemble à Mujoga.
Les jeunes n’ont pas leurs places dans des milices dans lesquelles ils sont animés par l’envie de défendre leur terroir et deviennent des chairs à cannons à qui la guerre arrache liberté et dignité, parce qu’une vie ne compte plus une fois emprisonnée sous le décombre du doute et de l’angoisse. Les jeunes devraient plutôt utiliser leur force et bravoure dans la reconstruction d’une communauté, mais pas pour charger une arme et retirer la vie.
TWAWEZA SHINDA est une rivière de paix qui ruisselle sur cette terre tachée de sang, une dose d’amour injectée dans les veines de cette communauté à l’agonie de la violence, cependant on ne peut construire seul cet avenir de paix et de justice pour ces jeunes, il faut une brique d’espoir de tout un chacun afin que les jeunes travaillent, s’épanouissent loin des armes et de la violence.
Nos clubs des jeunes sont composés des jeunes dont l’âge varie entre 16 et 30 ans, dans cette petite localité au moins 6 sur 10 jeunes portent une arme ou font partie d’une milice, parfois analphabètes, désœuvrés et sans aucune éducation scolaire ni déontologie militaire, ces jeunes sont acteurs de l’insécurité, des violences dans la communauté.
Les jeunes bénéficient de séances éducatives où ils apprennent des outils essentiels pour la paix et le vivre ensemble. Catherine, 17 ans, résidant à Kibati, partage son expérience :
« La séance a été intéressante parce que c’est ce que nous vivons dans nos communautés. Ce que j’ai retenu et que je vais devoir appliquer, c’est le contrôle de mes émotions. Les quatre étapes sont vraiment capitales, et l’observation est essentielle. Chez nous, il y a toujours des situations qui mènent aux querelles, mais j’ai appris l’importance de maîtriser cela. Merci encore à AGIR RDC et aux encadreurs pour leur engagement envers nous. »
Nous tenons nos séances dans un climat insécurisé où les armes agissent à la place de la raison et parfois, nous craignons que les thématiques touchent les sensibilités et que l’audience agisse violemment. Mupenzi Kahombo, alias Dieu est là, résume ainsi ce qu’il a appris de la communication non violente :
« Ce que j’ai retenu, c’est que la sagesse est le champ de bataille de la communication non violente. Nous devons cultiver l’écoute de l’autre, et cela peut aussi nous aider à faire la paix. Je suis prêt à partager cette bonne nouvelle avec mes amis, que j’ai recueillie aujourd’hui dans le club de jeunes d’AGIR RDC. Merci encore à nos encadreurs. »
Les témoignages poignants des jeunes sur le chaos et les faits vécus montrent que la guerre forge des monstres capables de voler et tuer injustement pour réclamer et défendre les droits. Lors des échanges, des thèmes comme les droits humains sont également abordés, avec un impact significatif comme en témoigne Fiston Kamundu, 24 ans :
« Nous venons d’apprendre sur les droits humains. Je savais que ça existait, mais je ne réalisais pas l’importance. Après cette séance, j’ai compris que connaître ses droits est capital, même si leur application est difficile. Cela permet d’avancer avec un minimum de connaissance, plutôt que de marcher dans l’ignorance. En tant que jeune de notre pays, je veux savoir où trouver de l’aide pour dénoncer les violences. Merci à toute l’équipe d’AGIR RDC pour cette thématique essentielle.»