À QUAND ENCORE ?
Quand le mois de mai commence, des questionnements sur les menstrues s'amplifient, profitant de la journée y réservée.
Quant à AGIR RDC, les efforts sont déployés au quotidien, sont fournis afin que ces questions se posent avec les couches qui ont moins accès à l'information.
Un mardi, au cœur de ce mois, mes collègues et moi, avons entrepris une descente à l'institut EPHPHATA, en compagnie des autres partenaires, venus découvrir notre échange avec les élèves, des malentendants en majorité.
À notre entrée, une symphonie de gestes d'accueil nous a chaleureusement baignés.
Dans l’enclos, des langues s'entremêlaient : certains échangeaient en langue des signes, d'autres dans la riche diversité des paroles. EPHPHATA est bien plus qu'une école pour malentendants. Une révélation pour moi, ébranlant mes préconceptions.
La salle se préparait, pleine, s'animant pour accueillir cette séance de causerie. Le préfet avait convoqué les jeunes filles, impatientes de s'instruire sous nos auspices. Le Dr Mitterrand, responsable de notre département de santé sexuelle et reproductive, entame les échanges avec les élèves. À ses côtés, un jeune homme, messager des mains agiles, traduit ses paroles en langage des signes.
Il éclaire les jeunes sur l'origine et le déroulement des menstruations, dissolvant ainsi les mystères entourant cette période naturelle.
Avant de conclure, une main s'éleva, timide, mais déterminée, celle d'une élève malentendante. Elle partage son expérience, ayant découvert la menstruation sans guidance, et son amie malentendante l'orienta vers des remèdes erronés, comme aller faire des rapports sexuels avec un homme, pour alléger ses douleurs.
Une autre, dans le silence de sa voix, interroge le Dr sur l'usage des papiers de toilette pendant ses menstruations. Le Dr répond à ces interrogations avec une patience impressionnante pour l'auditoire, ça se lit sur les visages illuminés d'assurance.
Avant de finir les échanges, une silhouette discrète attire mon regard. Une jeune femme, en robe rouge, sollicite humblement la parole, elle a obtenu son baccalauréat à EPHPHATA . Enceinte et mariée depuis sept mois, elle exprime son désir ardent d'apprendre sur le suivi menstruel. Une requête touchante, témoignant de son désir sincère d'acquérir les savoirs qui lui échappaient jusqu'alors.
Pourtant, selon moi, elle serait plus informée que n’importe qui d’autre dans la salle vu son statut marital. Elle a été invitée par un des enseignants de cet institut, je l'apprends si tôt.
Une voix murmure à mon oreille : "À quand encore ?" Monsieur David, enseignant à l’institution, exprime ainsi sa soif insatiable d'éducation et d'inclusion pour ses élèves malentendants. "Nous recevons rarement des visites de ce genre, et quand nous tombons sur une telle opportunité, nous n’avons pas un autre choix que de la saisir. Pourtant, les malentendants ont également besoin des enseignements et formations comme tant d’autres personnes", me dit-il.
Un constat saisit mon attention ; quatre interrogations sont venues de jeunes malentendants et seule une jeune fille entendante s'est jointe à la série de prises de parole.
Et si, très prochainement, nous renouvelions cette expérience ? Une session de formation dédiée, non seulement à l'hygiène menstruelle, mais aussi à l'inclusion sociale, à la gestion du stress et des conflits, et bien tant d’autres sujets ?
C'est avec cette question que nous rentrons donc de mobiliser tous les moyens afin de revenir ici et ailleurs vers les couches les plus en besoin d'informations et de formations. N'hésitez donc pas de vous joindre à nous, à la prochaine.