Un Pilier de Résilience et d'Espoir à Beni

« Mshaidi imara », « témoin débout » est une série de newsletters écrite sur des personnes ordinaires qui participent au maintien de la vie à Beni, et sur qui personne n’a déjà écrit. Cette série met en lumière l’engagement et la résilience de quelques hommes et femmes de Beni qui luttent au quotidien pour que les massacres n’aient pas raison de tout un peuple. Cette série ne reprend cependant qu’une petite représentativité.

 KITSA PASIMINGI Christine

Cette fois, je suis à Kabalaka, dans le quartier Ngongolio, cet autre quartier chaud de Beni dont les écoles ont offert l’hospitalité à des milliers de déplacés, certains dans des familles d’accueil, d’autres dans des sites tel que celui de Kabalaka. Ici, je rencontre KITSA PASIMINGI Christine. Elle est déplacée des massacres et est venue d’Eringeti après y avoir perdu 5 membres de sa famille dont deux frères portés disparus. Elle est membre et secrétaire du groupe de parole de Kabalaka, un groupe qu’AGIR RDC les a aidés à former. Comme d’autres groupes, ils y bénéficient de la prise en charge psychologique, de différentes sensibilisations sur des thématiques transversales, et ont débouché à la création d’une Association Villageoise d’Epargne et des Crédits, qui les aide bien d’ailleurs.

La particularité de ce groupe est qu’il regorge en son sein plusieurs hommes actifs d’ailleurs. C’est très rare que la participation des hommes soit aussi vive comme ici. Cela est notamment dû au dynamisme de plusieurs membres dont madame KITSA PASIMINGI Christine. Avant de commencer la séance de ce jour, je la vois circuler partout à la recherche des membres de son groupe. Elle est l’une des doyennes du groupe et est très écoutée par tous. Elle se rassure d’être ponctuelle à chaque rencontre afin qu’elle identifie les absents pour aller les chercher. Elle est d’un courage exceptionnel. En la voyant, on se dirait qu’elle est convaincue que sa mission est de rassembler.

On se passerait peut-être de ça, le prenant pour un geste régulier normal. Mais c’est sa pierre à elle et elle est immense. Sur une terre où il faut tout reconstruire en commençant par les âmes, les efforts bénévoles participer à l’éclosion d’un nouveau type d’humain, celui qui renait et se relève. Madame KITSA PASIMINGI Christine est un énorme soutien pour la survie de ce groupe.

Elle ne m’a vu l’observer, mais après avoir demandé des témoignages et compris que depuis longtemps son geste est devenu comme l’un de ses identifiants, je me suis dit, elle n’apporte pas seulement une goutte au fleuve, non. Elle fait partie de celles et ceux qui lui retracent le lit.

Comme toutes celles qui l’entourent, Maman KITSA PASIMINGI Christine a été, et est témoin des atrocités sans qualificatif qui impriment leur couleur à Beni depuis 2014. Mais elle reste debout et fait son geste quotidien, une alarme qui appelle à la mutualisation des forces pour reconstruire tout à partir d’une volonté. Elle fait partie de ce Beni qu’on ne raconte pas, mais qui porte allégeance à un futur beau, prometteur et réparateur.

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