Nyiragongo, entre le fossé et le sommet , L'impact d'un projet exceptionnel

Dans la nuit du 22 Mai 2021, le volcan Nyiragongo, la plus puissante montagne de feu encore en activité de toute la chaine volcanique de Virunga, entrait en éruption. Les populations du Territoire de Nyiragongo, des villes de Goma et de Gisenyi étaient ainsi sous la menace de la lave capable de tout décimer ; êtres vivants et leurs biens. C’était le début d’une crise qui allait durer des mois. Sans plan d’évacuation concret et vulgarisé, les populations ont emprunté différentes voies, chacun cherchant à se sauver à tout prix. Certains prirent la route du Rwanda voisin, d’autres celle du Sud-Kivu la province voisine et d’autres plus nombreux encore se limitèrent à l’Ouest de la ville dans la cité de Sake en territoire de Masisi, les plus fragiles s’étant limité au quartier Mugunga aux portes Ouest de la ville. Les institutions gouvernementales étant plus préoccupées par la situation volcanologique, ce sont des organisations humanitaires locales et internationales qui ont investi les lieux d’accueil pour apporter une assistance relative aux sinistrés.

Une semaine après, plus de 6000 familles étaient sans abris, logés dans des écoles et hangars à Sake, Kirotshe dans le territoire de Masisi. Mais parmi elles aussi, celles oubliées, celles plus faibles constituées majoritairement de petits enfants, de vieux et personnes vivant avec handicap qui, faute de force, n’ont pas pu dépasser Mugunga, le quartier à l’extrême Ouest de la ville. Toute l’assistance se dirigeait dans la cité de Saké où il y avait un plus grand nombre.

AGIR-RDC, dès les premières heures s’est intéressé à ces populations oubliées, logées dans des écoles au quartier Mugunga et Lac Vert, sans eau, sans quoi que ce soit.

Plus de 390 familles cantonnées au site de l’école Uamsho, avec une taille moyenne de 5 enfants chacune, ont été les premiers bénéficiaires des actions d’urgence d’AGIR –RDC. Vue l’état de vulnérabilité de ces populations, évalué grâce aux écoutes effectuées dans l’urgence et l’évaluation des bésoins par l’équipe de mobilisation, a servi de base à la conception et à la mise en œuvre du projet « Twa weza shinda».

Quelques actions d’urgence dans le cadre de la protection telles que l’organisation de l’hygiène du site par l’installation d’un comité d’hygiène, la mise en la disposition de l’eau potable, du savon ainsi que des kits hygiéniques pour femmes furent menées avant la vaste campagne de sensibilisation en vue du retour dans les sites recommandés par l’Etat pour une prise en charge appropriée.

C’est une fois rentré dans les sites recommandés par l’Etat dans le territoire de Nyiragongo, qu’a été lancé ce dit projet.

Les études des sites ont été effectué avant de passer à la mobilisation des bénévoles pour investir la communauté.  Ainsi les volets de mobilisation communautaire et de santé mentale ont permis d’accompagner les sinistrées dans la recherche des résolutions aux problèmes causés par les dégâts de l’éruption et bien plus d’autres problèmes qui pourraient être liés aux raisons de sécurité, de la protection, de l’environnement, …bref; le contexte pluriel.

Pendant 6 mois, les activités du projet Twaweza shinda qui s’effectuaient avec les groupes des paroles a Mugunga, a Buhene et a Mujoga dans le territoire de Nyiragongo là où il y avait aussi le club des Jeunes et des enfants ainsi que des actions spontanées au sein des structures communautaires. Il fallait oser encore provoquer l'espoir afin de permettre à toutes ces personnes ayant perdu le goût de la vie de se tenir les mains et se relever ensemble sans laisser personne en arrière.

C’est ainsi qu’avec l’aide des animateurs communautaire et des assistantes psychosociales, le groupes de paroles et les clubs des jeunes, se réunissaient une fois par semaine afin de discuter sur différents thèmes abordant leur situation quotidienne, on peut citer : la cohabitation pacifique, la masculinité positive, les VBG, le planning familial, etc et initiaient des actions de protection de l’environnement dans leur communauté appelée communément « Salongo ».

Ce n’est qu’en début de l’année 2022 que le programme de réinsertion socioéconomique a été lance au projet des bénéficiaires du projet à travers les formations en métier et ce, pendant 3 mois dans tous nos sites d’interventions. Avec ce programme, nous tenions à appuyer les bénéficiaires dans leur volonté de se redévelopper économiquement dans leur communauté et avec leurs propres initiatives. Sur ce, une évaluation a été faite afin d’étudier les indicateurs selon les filières organisées par site.

Pour cette sève d’espoir tant recherchée et pour la quête d’une aide solide et durable, pour la volonté de réussir là que la fatalité se construisait un domaine, le projet « Twa weza shinda » aura été un essai à un impact inattendu, une réussite dans une région où la culture de la mort sévit, un nouvel horizon tracé sur une terre où depuis près de 30ans l'incertitude du lendemain est le mode de vie, une lumière réapparue dont il faut continuer à attiser la flamme. Car en réalité, Twa weza shinda n'est pas un aboutissement. La marche est encore longue!

Précédent
Précédent

Nyiragongo sous le choc encor

Suivant
Suivant

Le travail domestique, quelle considération en RDC ?