Nyiragongo sous le choc encor

A peine une année de l’éruption du Nyiragongo, nombreux dégâts humain et matériel sont comptés. Outre les morts, des milliers de déplacés et des nombreux dégâts matériels  tels que la perte des maisons, champs… Avec nombreuses actions faites par des humanitaires, une lueur d’espoir se profilait à l’horizon, avant qu’un autre drame n’arrive. Reportage.   

Pendant un an on pouvait voir des familles victimes de la tragédie volcanique travailler dur pour quitter leur vie sinistre et retrouver leur quotidien. D’autres encore, quitter le camp pour rentrer dans des  maisons leur octroyées puis redevenir indépendants et exercer des travaux au quotidien dans toute sécurité. AGIR-RDC s’y investissait déjà et l’espoir se répandait déjà sur les visages des sinistrés.


Mais, comme qui le malheur ne vient jamais seul, ces populations qui semblaient se relever ont trébuché encore, et non pas par leur faute. En effet, dans la nuit du 23 au 24 mai, des coups des balles retentissent dans la région de Kibumba, située à une dizaine de kilomètres au Nord de la ville de Goma. Cette même région abrite des camps de sinistrés tels que Mujoga où nos actions se sont concentrées.

Vers 02h du matin, pendant qu’il faisait encore noir, la région est attaquée par les ‘’présumés rebelles du M23’’. Panique totale, dans le froid, les familles se dispersent ; les hommes de leurs épouses, les enfants de leurs parents. Jusqu’à l’aube, Certains se précipitent chez des familiers dans la ville de Goma et d’autres n’ayant pas de proches se réfugient dans les écoles et les églises à partir de Kanyaruchinya.

Le mercredi 25 mai 2022 la tension était encore grande. Les habitants de Kibati et Mujoga décident aussi de quitter leur région et fuir le danger qu’ils pressentent déjà proche afin de s’en préserver. Aujourd’hui cela fait à peu près 4 jours que la population déplacée vit dans des conditions de triste vulnérabilité et dans un environnement non viable vue la promiscuité dans laquelle ils vivent.

Situation alarmante

A l’EP Kanyaruchinya, une salle de classée est bondée de 30 à 60 ménages. Visiblement ces sinistrés on fuit avec des biens, certains sont capables de rassembler quelques troupeaux, des petites marchandises pour les commerçants, des habits de rechange, etc. D’autres malheureusement n’ont rien apporté avec eux. Quel dommage!

Ceux qui se sont déplacés avec leurs biens de grande valeur ou soit leurs petits commerces exercent des ventes pour trouver de quoi subvenir aux besoins urgentes des siens et de ceux qui ne peuvent pas se prendre en charge tel que les enfants qui se sont égarés de leurs parents, les enfants des soldats, etc.

« Cela fait à peine 3 jours qu’on n’a pas mangé, on a rien à se couvrir quand on dort, on n’a pas des habits, rien que nous et nos familles, … nous autres nous avons perdu les autres membres de familles et nous n’avons pas de téléphone pour essayer de les localiser… »  Témoigne, la mort dans l’âme un déplacé rencontré. Ce dernier appelle différentes structures locales,  nationales ainsi qu’internationales de leur venir en aide.  

Ce drame s’est déclenché pendant la période des préparations des examens d’Etat et d’ENAFEP (Examen National de Fin d’Etudes Primaires).  Nombreux élèves et écoliers sont maintenant bloqués par la situation sécuritaire. Rencontrée, Jolie, 12 ans révolue et élève en sixième primaire à l’Ep Kibumba indique qu’il  a  juste fuit avec ses petits frères. 

 « Mon père est soldat et reste à Bukavu alors nous avons pris fuite quand ma mère n’était pas dans la région car, partie visiter Papa. Je n’ai rien pris avec moi, juste mes petits frères qui étaient à ma charge’’ a-t-elle avoué en sanglot. Ne pouvant retenir ses larmes, elle ajoute, ‘’ je n’ai aucune nouvelle de mes parents et je n’ai pas de téléphone pour pouvoir les appeler » 

Nombreux enfants sont dans le même cas que Jolie et certains parents sont tourmentés par le manque des membres de leur famille. D’autre part, Moise, est père de 7 enfants, celui-ci, raconte s’être retrouvé à l’église CBCE de Buhene depuis la nuit du mardi avec son fils et ne sachant pas où se trouve son épouse et le reste de la sa famille : « je ne sais quoi penser ni où me situer, je suis bouleversé, noyé dans mes pensées et surtout très inquiet car jusque-là je me demande comment retrouver ma famille et comment je vais survivre »

Premier constat

Ce Jeudi 26 Mai, AGIR RDC s’est rendu dans quelques établissements ayant reçu les déplacés parmi lesquels quelques bénéficiaires du projet TWAWEZA SHINDA (Nous pouvons vaincre).  Ce dernier, rappelons-le, a été mis en place en faveur des sinistrés victimes de l’éruption du volcan Nyiragongo vivant dans différents camps tels que Mujoga pour leur relèvement holistique après le drame volcanique.

Ayant fait l’observation de la situation, nous avons procéder à l’évaluation des besoins de ces victimes et les besoins urgentes s’avèrent être ‘’ celles de retrouver les proches, avoir de quoi se nourrir, se vêtir et séjourner dans des conditions plus au moins viables.La grave promiscuité dans laquelle ils vivent les exposant à d’innombrables maladies’’

Cela fait, quatre jours d’angoisse, de fuite, de pleurs, de perte, et surtout d’insécurité. De retour de cette partie Nord de la ville, la situation vécue nous laisse sans mot et une grande question se pose ; Quelle sera la suite ? Humanisme oblige, il faudra agir ensemble pour tenter de venir en aide et répondre en urgence à nos compatriotes qui ne mérite pas cette situation. N’oublions pas, ils n’ont qu’un seul secours, Nous.

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Nyiragongo, entre le fossé et le sommet , L'impact d'un projet exceptionnel