BULLETIN BULENGO, JOUR-9
Chaque jour qui passe, le nombre des déplacés ne cesse de s'accroître dans différents camps autour de la ville de Goma. C’est le cas de Bulengo, un des sites qui accueille des déplacés venant de différentes localités situées à l’ouest de la Ville de Goma telles que Kichanga, Sake, etc. En date du lundi 27 février 2023, le camp enregistré 250 Blocs de plus (à base de 60 Ménages chaque bloc).
Le travail de ce lundi, 9e jour, consistait à réunir les chefs de bloc et les comités d’hygiène pour préparer la distribution. Cela répond au grand besoin d’hygiène des toilettes/ lieux d'aisance.
Il a fallu quatre heures pour finir le tour de tout le camp. En pleine activité, on pouvait entendre des détonations sur le champ de combat sur les hauteurs proches de la ville. Nous-mêmes avons peur au ventre, mais il faut continuer. Rencontrée, la vingtaine révolue, une déplacée a voulu partager les difficultés liées à l’hygiène.
" Il est vrai que nous commençons à avoir déjà des toilettes et des douches, mais ce n’est pas suffisant. Trois blocs avec une équivalence de plus de 200 Personnes se partagent une porte de WC et trois portes des douches. Ce n’est pas suffisant " témoigne-t-elle, appelant au secours à différentes organisations pour construire d’autres toilettes.
Rencontré dans sa tente pendant qu’ils étaient occupés à accueillir des nouveaux venus, le chef de camp a quant à lui invité le gouvernement à intervenir urgemment en vivres et non vivres pour ces déplacés qui affluent quotidiennement. " Chaque jour qui passe, ils arrivent. Surtout au cours de cette période où des combats s’intensifient."
Un peu loin, dans le bloc 113, deux hommes, du haut de leur échafaudage, étaient en pleine construction des toilettes. Mais comment arrivent-ils à satisfaire leurs besoins ? "C’est la débrouillardise ici, répond Tumsifu Justin, chef dudit bloc. À en croire, pour évacuer des déchets, ils vont souvent dans des broussailles. Mais cela a aussi des conséquences sur le plan sanitaire, surtout que c’est une zone avec du "Mazuku", gaz réputé mortel dû au volcan Nyiragongo dans la région.
Au sortir du terrain, les animateurs ont rejoint la maison d’écoute où se trouvent les psychologues. Ceux-ci ont écouté une dizaine des déplacés. Parmi eux, maman Zawadi, la quarantaine et mère de 7 enfants. Elle est arrivée hier et heureusement, elle a bien enfanté la nuit d'un joli bébé, Shukuru (Grâce).
L’équipe rentre de terrain sous une pluie prévisible. Un S.O.S est ainsi lancé par les sans-logis dont certains vivent à la merci des intempéries. Au retour dans le bus, nous rencontrons un grand bouchon sur la route N° 4. Ça s’explique, depuis la veille, on rapporte la prise de la cité minière de Rubaya, près de Sake. Les populations se sont vidées des sites environnants, dont sake, avec pour destination la ville de Goma. Comme il y a 3 semaines, ils sont encore des milliers, épuisés avec eux, des enfants, des femmes, des grands-parents, le bétail de survie, ne sachant pas la destination finale. Triste que le drame se répète.
Entre peur au ventre creux et vie de précarité, les déplacés crient au secours de tous azimuts. Au final, leur vœu le plus ardent reste le retour de la paix dans leur zone, pour qu'ils renouent avec leurs occupations d'antan.