BULLETIN BULENGO, JOUR-8
Pour un 8ᵉ jour, nous sommes descendus dans le camp de Bulengo et nous avons fait le don de notre humanité. La misère est manifeste ici ce matin : de nouveaux déplacés s’ajoutent dans le camp, craignant les affrontements puisque les coups de balle et les détonations se font entendre jusque dans leurs villages.
Entre le besoin de la nourriture, entre la réunification entre membres des familles, qui est un besoin réel vu que plusieurs enfants se séparent de leurs familles dans le fait du déplacement et même dans la vie du camp ; le travail reste grand à faire dans le camp et Agir RDC fait chaque jour du mieux qu’il peut.
Nous arrivons au camp le matin et nous prévoyons de commencer par une activité pour enfants. Les enfants du bloc 8 sont occupés par une autre organisation et nous nous intéressons au travail que fait cette organisation pour envisager jumeler nos forces.
À Bulengo, un manque d’eau dans les ménages qui sont aux extrémités est criant. Cela pourrait conduire à plusieurs maladies parce que tous les points d’eau sont concentrés à l’entrée du camp.
Cela fait en sorte qu’il y ait une mauvaise hygiène dans tous les sens. C’est ainsi qu’une suite des sensibilisations est faite dans plusieurs ménages sur la gestion des pots qui doivent se déverser juste après que l’enfant y a fait son besoin. Malheureusement cela n’est pas observé ! Les déchets y font plus de 24 heures et cela attire des mouches qui s’y posent, qui ensuite se posent sur les denrées alimentaires et le risque du choléra s’accroit du jour au lendemain. Ceci, contrairement aux blocs où nous avons organisé des comités d’hygiène qui organisent déjà la gestion des déchets. C’est donc la réponse que nous apportons. Nous élargissons la création des comités d’hygiène, en s’appuyant sur les relais communautaires. Une sensibilisation est faite porte-à-porte où nos agents de terrain montraient aux responsables des ménages comment gérer les pots qui sont souvent remplis de matière fécale des petits enfants. Plus de 100 pots ont été déversés dans les toilettes et la communauté s’est engagée à adopter une attitude responsable. Les comités d’hygiène en feront le suivi et nos mobilisateurs feront le point tous les jours, sinon cette circulation des mouches est un moyen vecteur des maladies. 5 blocs sont réunis et sensibilisés sur l’hygiène, soit 370 personnes.
Le camp est vivant et bouillant, des marchés y sont établis. Des hommes et des femmes font ce qu’ils peuvent pour que leurs progénitures se nourrissent. Les hommes partent chercher du bois, casser des pierres… et certaines femmes ont entrepris de petites marchandises. L’hygiène de ces marchés des denrées laisse à désirer et le risque d’y attraper des maladies est de plus en plus imminent. Nos mobilisateurs y font également des sensibilisations de masses. La cinquantaine de marchandes est touchée ainsi que les clients qui viennent de part et d’autre du camp. La plupart, surtout celles qui y vendent, s’engagent à couvrir les marchandises et rendre propre les alentours de là où elles s’établissent.
Notre équipe de santé mentale n’a pas baissé les bras et est engagée plus que jamais à travailler dur pour apporter soulagement à ces personnes qui sont parfois en détresse, parfois en désespoir et qui présentent, certaines en tout cas, de la culpabilité de ne rien pouvoir pour leurs familles. Des écoutes actives aux visites à domiciles, nos APS continuent de sensibiliser le plus de monde qu’elles peuvent pour venir bénéficier de l’assistance. Aujourd’hui, elles ont visité 5 personnes référencées pour les soins médicaux. Elles font également la prise en charge de 4 personnes qui sont venues sur rendez-vous. Parmi elle, la femme violée qui a été écoutée le premier jour et qui subit un traitement à MSF Hollande où elle a été référencée. Son traitement médical évolue bien, mais la prise en charge psychologique doit continuer pour qu’elle retrouve sa confiance. Nos APS savent que ça prendra quelques semaines, mais elles sont là pour cela.
Fin de la journée. Mobilisateurs et APS font un débriefing sur le point de la journée. Ça a encore été dur. Mais ce qui sera plus dur, c'est observer sans rien faire. Alors à chaque action, nous sentons le soulagement d’apporter notre part d’adoucissement aux douleurs de la crise. Demain, nous serons encore là