BULLETIN BULENGO, JOUR-5
Ce matin nous sommes là, à Bulengo. Le camp est très agité comme les jours passés, certains des déplacés en ont compris les rouages, d’autres sont nouveaux et ne savent quelle attitude adopter face à la famine, face à l’insuffisance des latrines, face aux intempéries et face à un soleil accablant sans logement.
Il est 7h00 lors de notre arrivée dans le camp, plusieurs femmes enceintes sont assises de part et d’autre d’une tente de l’Organisation mondiale de la Santé. Plusieurs autres femmes sont assises avec leurs enfants à côté de la tente de l’organisation première urgence avec leurs enfants pour ceux-ci reçoivent un traitement contre la malnutrition. Pas surprenant que la malnutrition soit présente dans un camp de plus de 80 000 personnes et où les effectifs grimpent tous les jours. Aucune organisation humanitaire n’est en train de savoir assouvir la soif de vivre dignement de nos frères et sœurs venus des endroits soit occupés par le M23 soit avec des tension des affrontements entre les rebelles du M23 et les FARDC. Chaque organisation fait juste sa part.
Nos mobilisateurs se déploient dans le camp pour sensibiliser une fois de plus sur l’hygiène des latrines qui desservent tout le camp. En visite dans des blocs ils parlent aux déplacés de l’hygiène des latrines qui, malgré le nettoyage fréquent qui est désormais une pratique grâce aux sensibilisations faites, ont encore un état hygiénique qui laisse à désirer.
Mais les comités d’hygiène initiés par notre équipe de mobilisation continuent de faire leur preuve. Ils se mobilisent déjà, créent, imaginent des techniques pour faire face à cet environnement insalubre menaçant. Deux autres comités d’hygiène sont créés ; au bloc 90 et 128. Trois comités d’hygiène se sont mis ensemble et ont sensibilisé leurs administrés ; maintenant ils creusent eux-mêmes des fosses, afin que la personne de bonne foi qui passerait et qui aimerait leur construire une latrine soit facilitée grâce à cette contribution locale. Nous nous réjouissons de cette dynamique que nous voulons répliquer dans d’autres blocs à travers les comités d’hygiène que nos mobilisateurs initient. Sous le coup 180 personnes venant de 5 blocs différents sont mobilisés en petit groupe sur l’hygiène et l’utilisation responsable des toilettes. Des mots bien placés ne manquent pas sur les manières de prévenir les maladies des mains sales.
Dans la foule, les enfants sont aussi occupés par u e autre colonne des mobilisateurs. Ils sont une population importante, livrée à l’oisiveté et trop exposée aux maladies. Nos mobilisateurs, à travers des espaces d’enfants par blocs (du fait qu’il est impossible de réunir tous les enfants du camp en un seul espace pour des questions sécuritaires) sensibilisent les enfants par des jeux et chants, sur Les techniques de lavage des mains, le vivre ensemble, le risque lié au gaz, la paix…Ils étaient une vingtaine par bloc pour ce jour.
En parallèle du travail de nos mobilisateurs communautaires, l’équipe des Assistantes Psycho-sociales a continué son travail d’écoute au sein de la maison d’écoute érigée au centre du Camps. 4 cas ont été accompagnés psychologiquement. Peur, culpabilité, insomnie et inquiétude sont des signes traumatiques observés auprès de ces personnes.
Le soleil est au zénith mais nos APS ne veulent pas clôturer leur journée de travail avant de faire 8 visites des personnes référencées. « Aujourd’hui, nous avons visité 5 femmes que nous avons référencées à des instances médicales appropriées depuis le mardi 22 février, deux d’entrailles vont maintenant mieux, les trois autres sont toujours malade et l’une d’entre elle ne peut pas être soigné ici au camp, car elle a des problèmes dentaires sévères, elle doit être acheminée à un hôpital approprié hélas elle n’en a pas les moyens, nous lançons un appel à toute personne de bonne foi de bien la venir en aide. » Déclare Linda Bisimwa.
Après l’évaluation journalière sur place avec toutes nos équipes, nous nous apprêtons à rentrer. Mais cet après-midi nous rentrons triste ; Huruma PENDEZI, un de nos bénéficiaires écouté et prise en charge psychologiquement dès les premières heures, n’a pas eu raison face à sa maladie. Il s’est éteint ce matin. A demain.